Si seulement le bug de l'an 2000...

Avertissement : toute mise en scène présentant de vagues ressemblances avec une situation ayant existé ou qui existera un jour serait purement fortuite et relèverait d'une coïncidence que nul parmi les plus hardis spéculateurs ne saurait prédire.

Une après-midi comme une autre, dans une salle de classe surchauffée traversée par un glacial courant d'air, deux individus tentaient, de leur mieux, cela va de soi, de résoudre l'exercice proposé par leur charmant professeur. Au milieu d'une intense, cela coule de source, réflexion, un se tourna vers son acolyte et lui demanda d'une murmure à peine audible, cela semble évident, l'énoncé exact d'un résultat qui devait s'avérer fondamental dans la résolution de la question sur laquelle ils peinaient. Une réponse négative s'en suivit.

Quelques secondes plus tard, sans consulter le professeur ni aucun de leurs camarades de classes, et sans avoir subitement retrouver ce qu'ils n'auraient, cela est trivial, jamais dû oublier, ces deux individus disposaient du précieux énoncé.


Cet exemple bidon illustre de manière assez spectaculaire même si foncièrement inutile les possibilités que l'apparition de nouveaux outils numériques ouvrent pour les élèves d'aujourd'hui.
Ces dernières années ont vu l'apparition d'outils concrets - les ordinateurs, les tableaux numériques - tant que virtuels - Internet, notamment - qui ont poussé/poussent/vont pousser à une modification de l'éducation.

Ces dernières années ont fleuri profusément les séances de travail sur ordinateur, des travaux pratiques sur logiciels informatiques aux séances de TPE (travail personnel encadré) dans le cadre du bac en passant par les séances dirigées sur des plateformes en ligne de partage d'exercices interactifs. Les tableaux numériques ont fait leur apparition quand les vidéoprojecteurs ont supplanté les devenus obsolètes rétro-projecteurs et sont fréquemment utilisés pour projeter des présentations ou diaporamas, voire des vidéos provenant de Youtube, durant des cours de langue, par exemple [il se pourrait que les susnommés professeurs de langue ne puissent plus dans un futur proche être caractérisés par leur incapacité chronique à utiliser correctement un magnétoscope !].

Dans une optique différente, les environnements numériques de travail, nom de code ENT, se généralisent peu à peu, la présence sporadique dans des établissements tests s'étendant à la plupart des établissements. Ayant comme objectif avoué de faciliter les relations entre parents, élèves et enseignants, ils permettent la visualisation des notes, de l'agenda de la classe, de cours voire la remise de devoirs.

Notons au passage que disposer d'un ordinateur, de certains logiciels de bureautique (dont on trouve certes des équivalents libres, mais dont l'installation rapide n'est pas toujours accessible au premier venu), d'une imprimante et d'une connexion internet munie d'un débit non négligeable semble de plus en plus indispensable au vu des travaux à la maison demandés par les professeurs, recherches sur un certains sites, consultation de mails ou d'un ENT pour vérifier/récupérer certains horaires/devoirs.
Bien que la plupart des foyers en soit fourni, ce n'est pas toujours le cas et peut s'avérer fort pénalisant pour certains.



Par ailleurs, il devient de plus en plus fréquent de voir des enseignants distribués des cours polycopiés (voire de demander à leurs élèves de les imprimer par eux-mêmes), parfois avec quelques misérables trous dans lesquels les élèves doivent écrire un ou deux mots ou recopier une démonstration. Ce qui amène (outre à constater la flemmingite aigüe [histoire d'avoir casé une fois cette expression] touchant certains enseignants) à se demander à quel point ces nouveaux outils, qui semblent, exception faite des professeurs qui écrivent encore à la main les sujets de devoir surveillé, généralement avoir été embrassés par le système éducatif, sont réellement utiles.

Leur cours déjà imprimé, la concentration des élèves face au professeur ne va probablement pas aller en augmentant - ce qu'il déblatère est déjà écrit sous leurs yeux - et c'est en écoutant et en écrivant que l'on assimile certainement le mieux. En forçant un peu abusivement le trait, on pourrait presque en arriver à remettre en question l'intérêt de la présence du professeur...

Il est certains domaines dont la nécessité de ces nouvelles technologies est indéniable, notamment parce elles y sont devenues centrales, à l'instar des statistiques, de l'économie, de la gestion, de l'architecture ou de... l'informatique. En fait, rares sont les activités du secteur tertiaire où elles ne sont pas omniprésentes.



Un ordinateur, et un accès internet, est de facto devenu un outil presque indispensable pour les étudiants aujourd'hui : on trouve ainsi annales, archives, forum pour demander de l'aide, et, dans nombre de cas l'outil ultime, Wikipédia, bien moins erroné que l'on pourrait le croire dans de nombreux cas.

Certains prennent leur cours directement sur leur ordinateur portable, d'autres utilisent leur smartphone pour obtenir la définition du dernier mot un peu trop élaboré employé par le professeur de philosophie.
Cependant, d'autres usages moins louables peuvent se répandre : utiliser la méthode précédente à des fins illégales, pour tricher lors d'examens par exemple, ou passer ses cours à lire des fanfictions, à consulter ses mails et à parler avec des psychopathes rencontrés sur un site internet douteux...


Eduquer avec ces nouveaux outils pour ne pas rester en marge d'une société en perpétuelle évolution est une nécessité, éduquer à l'utilisation de ces nouveaux outils semble un impératif comparable.

[D'où l'existence de certifications informatiques - proposées dès le collège, avec le fameux (et peut-être désuet) B2I et jusqu'aux formations d'enseignement avec le moins fameux (mais tout aussi fastidieux) C2I2E - parfois peu adaptées.]



Tout seulement n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de bouleversements des relations humaines né de cette évolution technologique qui semble graduellement s'emballer. Après tout, saurons-nous encore parler dans 27 ans 54 jours 8 heures 39 minutes et 6 secondes ?


Si seulement le bug de l'an 2000...

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