Entre Etsaut et le refuge de Pombie : le GR, du vide, Jean-Pierre, de l'eau, et des cailloux.

Départ du village d'Etsaut ("le bois" en gascon, visiblement), 63 habitants, 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, quelque part entre Oloron et le col du Somport, dans la pénombre très relative de 7h45 fin août.

Tout commence par une tentative éhontée d'intimidation psychologique menée par les panneaux indicateurs, qui sous-entendent fortement aux randonneurs qu'une reconversion est à l'ordre du jour. 

Chronologiquement, en une petite demi-heure...



 

Sachant que 17 minutes séparent la première photo de la troisième, et 11 minutes la deuxième de la quatrième, à quelle heure le randonneur arrivera-t-il au refuge d'Ayous, sachant qu'il y a 15% de chance qu'il fasse demi-tour pour boire un "café" au troquet le plus proche ?

A peine le temps de se poser la question que la chemin de la Mâture pointe le bout de son nez, littéralement creusé dans une falaise verticale (sous le règne de l'arrière petit-fils de Louis XIV) s'enfonçant dans la montagne et s'éloignant de la vallée d'Aspe et sa nationale.

Beaucoup d'air en bas à droite.

S'en suit la longue remontée de la vallée, sous les arbres d'abord, que les rayons du soleil éclairent peu à peu, puis dans les estives, avant que le sentier ne s'élève en lacets vers le col d'Ayous. Autant il y avait pas mal de gens éparpillés sur le chemin de la Mâture, autant les heures qui suivent sont dépourvues d'interactions, à l'exception d'un chassé-croisé avec un régional de l'étape qui s'en va ensuite déambuler sur les crêtes environnantes.



Pas le régional de l'étape mentionné plus haut.


Après quatre heures de montée, et 1600 mètres de dénivelé plus tard, arrivée au col d'Ayous et un panorama "pas trop moche".

Le pic du Midi d'Ossau (2884m) et le lac Gentau.

Disclaimer : la photo ne rend absolument pas justice à la beauté/féérie/splendeur de la scène.
La star locale, c'est Jean-Pierre, le monticule en haut à gauche, plus communément appelé Pic du Midi d'Ossau, une présence récurrente de la journée et au-delà. A ne pas confondre avec le Pic du Midi de Bigorre, le truc avec toutes les antennes et une station d'observation à son sommet. Et un téléphérique pour y monter.

Le refuge d'Ayous, posé là.

Descente tranquille (parce que pause photo tous les dix pas) vers le lac Gentau (un des lacs d'Ayous) et le refuge posé sur sa rive. Contrepartie inévitable (vue l'heure au demeurant) d'être dans un des plus beaux endroits des Pyrénées : il y a des gens, beaucoup de gens, pour la plupart venus avec le GR10 du lac de Bious-Artigues à deux heures de marche en aval.

Après une petite pause, avec vue, au refuge d'Ayous, c'est reparti : la journée n'est pas finie, la destination du jour, le refuge de Pombie, est encore à 4h de marche. Avant de se lancer pleinement dans cette deuxième partie de la journée, petit plouf et pique-nique au lac Bersau, quelques minutes plus haut.

Spot de baignade/casse-croûte.

Sur la digestion et sous le soleil, vers 13h30, petit morceau de descente et bain de foule (très relatif), avec passage au bord du lac Castérau, piscine de nombreux randonneurs, dont pas mal venus du col du Somport via le col des Moines.


Vous voyez la photo au-dessus ? Au premier plan le lac Castérau, derrière à gauche le pic du midi d'Ossau et à droite le pic Peyreget... et entre ces deux mastodontes le col de Peyreget. C'est là qu'on va, en commençant par dévaler 400 mètres de D-, avant de remonter vraiment raide, via un petit sentier bien planqué -- et surtout bien raide -- qui lance 700 tout petits mètres d'ascension.

C'est pas tout plat.


Jean-Pierre, toujours, et le col de Peyreget au fond.

Vue sur la montée depuis le col.

Les jambes commencent à être lourdes, mais le col est enfin là... le panorama n'est pas moche, et le refuge apparaît enfin, sur la photo ci-dessous.

Vue sur la descente depuis le col.

Dernière descente tranquille, avec un petit spot baignade en compagnie de deux de mes futurs compagnons de tablée... le cadre en jette, même si la profondeur de la laquette laisse à désirer. Pas grave, session de rattrapage quelques minutes plus tard dans le lac du refuge.

Pas dégueu le spot de baignade... on ne voit pas la vase.



Arrivée au refuge vers 17h.

L'Ossau, juste au-dessus du refuge de Pombie.

Une soirée en refuge, solo, c'est aussi imprévisible que la météo dans les parages... celle-ci implique une acolyte de baignade et de dîner, qui se fera, après moultes péripéties et tergiversations, embarquer par un guide désoeuvré dans l'ascension de l'Ossau (qui n'est pas particulièrement compliquée mais nécessite une corde sur trois cheminées, notamment à la descente) le lendemain matin aux aurores. Mais également la réalisation que j'ai pris le mauvais câble pour recharger mon téléphone avec la batterie externe que je me trimballe (#boulet)... et la longue quête pour en trouver un (pas si compliqué, il y avait pas mal d'âmes charitables dans le coin) que mon téléphone veuille bien accepter (ça, c'était plus technique).

Et surtout, la réaction d'un des gardiens à mon itinéraire en conjonction avec la météo... visiblement, ça pourrait se gâter vers midi, avec orages à la clé. Vu le programme optimal théorique, ça veut dire avoir passé le port de Lavedan avant ça, et donc décoller très tôt... avant que le refuge ne se réveille. Au dodo, donc. 







 

La suite, c'est par là !

Un petit tour de l'Ossau

Dois-je être effarée ou amusée que ce coin de web existe encore ? Je n'ose pas relire les "articles" précédents... mais je cherchais un coin tranquille pour poser cette idée qui me trotte dans la tête depuis un bail. Parce qu'on me demande souvent à quoi ça ressemble quand je pars faire une rando, que ça fait encore plus longtemps que je n'ai rien écrit... et que celle-là était particulièrement absurde/mémorable/improbable. Take your pick.

Trois jours béarnais et aoûtiens, à classer de la catégorie "je pars toute seule, un parce que j'aime pas les gens, deux parce que je ne me sentirai pas d'embarquer quelqu'un dans un truc aussi foireux, trois parce que je peux changer d'avis toutes les 30 secondes". Ne faites pas la même chose dans votre jardin.

Foireux, parce que les prévisions météo avaient passé la semaine à osciller plus vite que le compteur de la vieille Saxo prêtée par un garage en attendant la réparation d'une pièce supposément incassable avec laquelle j'ai rejoint Etsaut, quelques jours avant que les intempéries ne frappent très violemment la vallée d'Aspe. Le tout après un départ post-entraînement et une halte nocturne improvisée (grand merci, maman de Tutu !).

Une escapade pyrénéenne aux trois visages :

  • une première journée en mode double étape, entre Etsaut et le refuge de Pombie, via le refuge d'Ayous, entre soleil de plomb, quelques plongeons, un ou deux bains de foule, plusieurs cures de solitude et un long voyage (à vue d’œil 25 bornes et 2600 de D+, beaucoup moins de D-) ;
  • une seconde journée sur une étape classique du HRP, du refuge de Pombie à celui de Larribet, avec des passages vaguement aériens sous une météo vaguement incertaine, un départ à la torche (selon la version officielle), quelques mètres en Espagne, du jus de myrtilles et un soupçon de scrabble ;
  • une troisième journée avec la tête parfois dans les nuages, parfois au-dessus, beaucoup en dessous, entre cailloux, moutons et brouillard, conclue par une partie de stop... franchement inclassable.

 

 Convaincu.e par le menu ? Montez à bord, c'est parti...