De Pombie au refuge de Larribet : une course au-dessus du vide contre la météo

Peu avant cinq heures du mat', à la lumière des étoiles et d'un bout de lune...
Parce que pour une inexplicable raison (je cherche encore !), je n'avais pas jugé bon de prendre ma frontale. C'est donc parti pour une descente dans une obscurité encore bien tenace, entre mugissements des troupeaux en contrebas et gargouillements des torrents dévalant la montagne, en tentant de deviner le chemin parmi les différentes sentes... plutôt facile au début, plus compliqué ensuite... 

Il devient parfois inévitable de sortir le téléphone pour repérer les balises et déchiffrer les panneaux, et même, à corps défendant de le zyeuter en mode GPS pour s'assurer de l'itinéraire. La traversée de la forêt n'est pas rassurante, malgré une piste forestière bien tracée... ça fait du bruit de bestioles dans tous les sens, et toute seule en pleine nuit, ça fait franchement un peu flipper !

En plus, je me loupe une intersection, et plutôt que d'être raisonnable et faire demi-tour, c'est parti pour un tout droit dans un talus très vertical pour essayer de récupérer la bonne direction... puis une remontée un peu plus loin dans un autre talus tout aussi vertical pour trouver la route qui monte au col du Pourtalet.

Il est 7h du mat', le jour se lève. Dans mon dos, les nuages batifolent gentiment autour de Jean-Pierre, mais surtout s'amassent, menaçants, juste devant moi... l'orage annoncé semble se présenter bien plus tôt que les plus pessimistes prédictions. Se lancer dans l'ascension, telle est la question... surtout que je suis à l'endroit idéal pour faire demi-tour et retourner en stop à "ma" voiture.

Après réflexion, c'est partir pour la longue montée de la vallée d'Arrious, au moins jusqu'au col éponyme... l'option d'un retour beaucoup moins exposé par la vallée (voire le petit train) d'Artouste restant ouverte.

Un soupçon de saturation artificielle (#mordor) sur la photo. Le col d'Arrious est tout au bout.

JP la tête dans les nuages.

Deux heures de montée monotone plus tard, l'heure du choix. A ce moment là, je penche plus tôt pour redescendre jusqu'à Oloron, remonter en stop la vallée d'Aspe et rentrer voir un match de basket dans une salle gersoise. La météo semble très instable, et les trois passages les plus périlleux de la journée sont à venir...

Nuages omniprésents.
Une dernière de JP.

Les panneaux, bien encourageants, du col d'Arrious.

 Au col je retrouve un randonneur qui m'avait doublé un peu plus tôt. Il hésite lui aussi à poursuivre son programme (l'ascension du pic d'Arriel) vue la tête du ciel. Il me rassure un peu sur mon itinéraire et finit par se convaincre de continuer. Nos chemins se suivant pour quelques dizaines de mètres, je lui emboîte le pas, décidée à aller au moins contempler le fameux passage d'Orteig. Celui indiqué -- en trois langues -- de façon très encourageante sur les panneaux (et sans compter le papier blanc juste en-dessous qui explique qu'une partie de la main courante du passage est défectueuse et que le passage est fortement déconseillé).
 
Petit rembobinage : c'est le nom -- hérité du guide béarnais qui le "découvrit" au XIXème siècle -- d'un court itinéraire permettant de rallier le refuge d'Arrémoulit sans avoir descendre jusqu'au lac d'Artouste. C'est un peu aérien, mais équipé d'une main courante et, avec une météo clémente, des chaussures de rando, un peu de prudence et pas trop le vertige, ça se fait.
 
Lac d'Artouste avant le passage d'Orteig.

Lac d'Artouste après le passage d'Orteig. Et des moutons qui trainaient par là.

Un ouf de soulagement plus tard (quand même !), l'appareil photo ressort du sac et s'en donne à cœur joie avec les moutons, les nuages, les lacs et les sommets qui accompagne le sentier jusqu'au refuge d'Arrémoulit (pour le contexte, il est environ 9h30 !).



Le plus grand des lacs d'Arrémoulit. En bas à gauche, le refuge, en travaux. En haut à gauche, le col du Palas, prochaine étape.

Les nuages sont toujours là, mais le soleil aussi et la dégradation ne semble pas immédiate. C'est parti pour l'ascension, très rocailleuse, du col du Palas, à la frontière franco-espagnole. Cette partie de l'itinéraire est beaucoup moins mainstream que ce qui précède, une partie HRP du HRP. Mieux vaut savoir où l'on va, et c'est d'autant plus vrai une fois la bascule effectuée.

Petit coup d'oeil dans le rétro.

Je suis mauvaise langue, il y a même un panneau au col !

Il s'agit, en naviguant à vue au-dessus des étangs d'Arriel au bleu saisissant, de dénicher le Port de Lavedan, une minuscule brèche au milieu d'une barrière rocheuse.

C'est par là ! Quelque part derrière l'épaule.

On vient du col du Palas, la trouée sur la droite.

Pas évident au milieu de tous ces cailloux de trouver son chemin et de démêler les vrais cairns des pâles imitations naturelles (en même temps, des tas de cailloux, il n'y a que ça, ici). Après quelques petits demi-tours, beaucoup d'hésitations, des faux espoirs et des balises décelées sur des malentendus, la cheminée qui monte vers le Port de Lavedan se dévoile enfin. 

Un des lacs d'Arriel. Pas moche.

Le Port du Lavedan c'est ça. Et c'est beaucoup moins plat en vrai. 

Ouf. Un vrai. Parce que c'est le dernier passage "hardcore" de la rando, celui qu'il fallait à tout prix atteindre avant l'orage... même si les nuages ne sont toujours pas rassurants et la descente à venir pas des plus sympathiques, le plus dur est fait. Il est 11h15 et le refuge de Larribet à à peine plus d'une heure de marche.

Avant-dernier regard espagnol.

Dernier regard espagnol.


Retour en France.


Après un bout de descente caillouteux mais finalement assez tranquille et une pause repas au bord d'un charmant lac, direction le refuge de Larribet... alors qu'il n'est pas encore 14 heures. 

Le refuge de Larribet, bien calé.


Scène un peu cocasse en arrivant : la tête du gardien qui m'accueille me dit quelque chose, visiblement la mienne lui dit quelque chose aussi... échange de noms plus tard, il s'agit d'une connaissance de la famille, enseignant reconverti. Le monde est petit, parfois.

Pour occuper l'après-midi, lecture, déambulations dans les environs, attente de l'orage tant annoncé (spoiler : il arrivera vers 16h) et dégustation des spécialités culinaires locales... tarte et jus de myrtille notamment, le tout dans une ambiance très sympa.

La carte du refuge. 

 Ambiance qui se prolonge dans la "soirée" (terme très relatif en refuge) avec un plan de table judicieux : discussion avec un trio de femmes, plus ou moins jeunes, en vadrouille solo... deux qui traversent toute la chaîne sur plusieurs mois, une qui fait une étude architecturale des refuges pyrénéens. Et pour finir, une partie de scrabble endiablée jusqu'au bout de la nuit (un truc comme 22h). Très chouette moment.

Entre Etsaut et le refuge de Pombie : le GR, du vide, Jean-Pierre, de l'eau, et des cailloux.

Départ du village d'Etsaut ("le bois" en gascon, visiblement), 63 habitants, 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, quelque part entre Oloron et le col du Somport, dans la pénombre très relative de 7h45 fin août.

Tout commence par une tentative éhontée d'intimidation psychologique menée par les panneaux indicateurs, qui sous-entendent fortement aux randonneurs qu'une reconversion est à l'ordre du jour. 

Chronologiquement, en une petite demi-heure...



 

Sachant que 17 minutes séparent la première photo de la troisième, et 11 minutes la deuxième de la quatrième, à quelle heure le randonneur arrivera-t-il au refuge d'Ayous, sachant qu'il y a 15% de chance qu'il fasse demi-tour pour boire un "café" au troquet le plus proche ?

A peine le temps de se poser la question que la chemin de la Mâture pointe le bout de son nez, littéralement creusé dans une falaise verticale (sous le règne de l'arrière petit-fils de Louis XIV) s'enfonçant dans la montagne et s'éloignant de la vallée d'Aspe et sa nationale.

Beaucoup d'air en bas à droite.

S'en suit la longue remontée de la vallée, sous les arbres d'abord, que les rayons du soleil éclairent peu à peu, puis dans les estives, avant que le sentier ne s'élève en lacets vers le col d'Ayous. Autant il y avait pas mal de gens éparpillés sur le chemin de la Mâture, autant les heures qui suivent sont dépourvues d'interactions, à l'exception d'un chassé-croisé avec un régional de l'étape qui s'en va ensuite déambuler sur les crêtes environnantes.



Pas le régional de l'étape mentionné plus haut.


Après quatre heures de montée, et 1600 mètres de dénivelé plus tard, arrivée au col d'Ayous et un panorama "pas trop moche".

Le pic du Midi d'Ossau (2884m) et le lac Gentau.

Disclaimer : la photo ne rend absolument pas justice à la beauté/féérie/splendeur de la scène.
La star locale, c'est Jean-Pierre, le monticule en haut à gauche, plus communément appelé Pic du Midi d'Ossau, une présence récurrente de la journée et au-delà. A ne pas confondre avec le Pic du Midi de Bigorre, le truc avec toutes les antennes et une station d'observation à son sommet. Et un téléphérique pour y monter.

Le refuge d'Ayous, posé là.

Descente tranquille (parce que pause photo tous les dix pas) vers le lac Gentau (un des lacs d'Ayous) et le refuge posé sur sa rive. Contrepartie inévitable (vue l'heure au demeurant) d'être dans un des plus beaux endroits des Pyrénées : il y a des gens, beaucoup de gens, pour la plupart venus avec le GR10 du lac de Bious-Artigues à deux heures de marche en aval.

Après une petite pause, avec vue, au refuge d'Ayous, c'est reparti : la journée n'est pas finie, la destination du jour, le refuge de Pombie, est encore à 4h de marche. Avant de se lancer pleinement dans cette deuxième partie de la journée, petit plouf et pique-nique au lac Bersau, quelques minutes plus haut.

Spot de baignade/casse-croûte.

Sur la digestion et sous le soleil, vers 13h30, petit morceau de descente et bain de foule (très relatif), avec passage au bord du lac Castérau, piscine de nombreux randonneurs, dont pas mal venus du col du Somport via le col des Moines.


Vous voyez la photo au-dessus ? Au premier plan le lac Castérau, derrière à gauche le pic du midi d'Ossau et à droite le pic Peyreget... et entre ces deux mastodontes le col de Peyreget. C'est là qu'on va, en commençant par dévaler 400 mètres de D-, avant de remonter vraiment raide, via un petit sentier bien planqué -- et surtout bien raide -- qui lance 700 tout petits mètres d'ascension.

C'est pas tout plat.


Jean-Pierre, toujours, et le col de Peyreget au fond.

Vue sur la montée depuis le col.

Les jambes commencent à être lourdes, mais le col est enfin là... le panorama n'est pas moche, et le refuge apparaît enfin, sur la photo ci-dessous.

Vue sur la descente depuis le col.

Dernière descente tranquille, avec un petit spot baignade en compagnie de deux de mes futurs compagnons de tablée... le cadre en jette, même si la profondeur de la laquette laisse à désirer. Pas grave, session de rattrapage quelques minutes plus tard dans le lac du refuge.

Pas dégueu le spot de baignade... on ne voit pas la vase.



Arrivée au refuge vers 17h.

L'Ossau, juste au-dessus du refuge de Pombie.

Une soirée en refuge, solo, c'est aussi imprévisible que la météo dans les parages... celle-ci implique une acolyte de baignade et de dîner, qui se fera, après moultes péripéties et tergiversations, embarquer par un guide désoeuvré dans l'ascension de l'Ossau (qui n'est pas particulièrement compliquée mais nécessite une corde sur trois cheminées, notamment à la descente) le lendemain matin aux aurores. Mais également la réalisation que j'ai pris le mauvais câble pour recharger mon téléphone avec la batterie externe que je me trimballe (#boulet)... et la longue quête pour en trouver un (pas si compliqué, il y avait pas mal d'âmes charitables dans le coin) que mon téléphone veuille bien accepter (ça, c'était plus technique).

Et surtout, la réaction d'un des gardiens à mon itinéraire en conjonction avec la météo... visiblement, ça pourrait se gâter vers midi, avec orages à la clé. Vu le programme optimal théorique, ça veut dire avoir passé le port de Lavedan avant ça, et donc décoller très tôt... avant que le refuge ne se réveille. Au dodo, donc. 







 

La suite, c'est par là !

Un petit tour de l'Ossau

Dois-je être effarée ou amusée que ce coin de web existe encore ? Je n'ose pas relire les "articles" précédents... mais je cherchais un coin tranquille pour poser cette idée qui me trotte dans la tête depuis un bail. Parce qu'on me demande souvent à quoi ça ressemble quand je pars faire une rando, que ça fait encore plus longtemps que je n'ai rien écrit... et que celle-là était particulièrement absurde/mémorable/improbable. Take your pick.

Trois jours béarnais et aoûtiens, à classer de la catégorie "je pars toute seule, un parce que j'aime pas les gens, deux parce que je ne me sentirai pas d'embarquer quelqu'un dans un truc aussi foireux, trois parce que je peux changer d'avis toutes les 30 secondes". Ne faites pas la même chose dans votre jardin.

Foireux, parce que les prévisions météo avaient passé la semaine à osciller plus vite que le compteur de la vieille Saxo prêtée par un garage en attendant la réparation d'une pièce supposément incassable avec laquelle j'ai rejoint Etsaut, quelques jours avant que les intempéries ne frappent très violemment la vallée d'Aspe. Le tout après un départ post-entraînement et une halte nocturne improvisée (grand merci, maman de Tutu !).

Une escapade pyrénéenne aux trois visages :

  • une première journée en mode double étape, entre Etsaut et le refuge de Pombie, via le refuge d'Ayous, entre soleil de plomb, quelques plongeons, un ou deux bains de foule, plusieurs cures de solitude et un long voyage (à vue d’œil 25 bornes et 2600 de D+, beaucoup moins de D-) ;
  • une seconde journée sur une étape classique du HRP, du refuge de Pombie à celui de Larribet, avec des passages vaguement aériens sous une météo vaguement incertaine, un départ à la torche (selon la version officielle), quelques mètres en Espagne, du jus de myrtilles et un soupçon de scrabble ;
  • une troisième journée avec la tête parfois dans les nuages, parfois au-dessus, beaucoup en dessous, entre cailloux, moutons et brouillard, conclue par une partie de stop... franchement inclassable.

 

 Convaincu.e par le menu ? Montez à bord, c'est parti...

Déblatérations sur la ponctuation. Smileys et décodage. (2/2)

Depuis plus de trois ans, trois post-it (virtuels) traînent sur le bureau (virtuel) de mon ordinateur (moins virtuel) : un blanc, un rose [oui, vraiment] et un bleu.

Il y a quelques jours, j'ai reçu la visite de la personne responsable pour leur existence ; vous savez, la-personne-à-la-question-vraiment-existentielle-à-propos-des-moeurs-du-point-virgule... tout ça, c'est de sa faute.

Tentative de décodage ; ça tombe bien : la ponctuation, qu'est-ce, sinon un code ?

[Vous noterez, en passant, que l'Alt Code pour le c cédille majuscule m'est toujours inconnu... d'où la présence du point virgule ci-dessus. {48 secondes plus tard : pour votre gouverne, Alt + 128.}]



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Les mega cheats de la ponctuation de la terre entière... les smileys. De l'anglais smile, of course.

"Un dessin extrêmement stylisé de visage souriant coloré en jaune, exprimant l’amitié", à en croire cette fameuse "encyclopédie libre" dont le nom commence par Wiki et finit par pédia. Qui nous informe également que la terminologie conseillé en français est frimousse. Ou binette, au Québec.

Avant qu'ils ne soient généralisés en émojis ou autres émoticônes, et que leur usage ne devienne d'un pathétique mainstream, ils hantaient visiblement la Judée il y a plus de neuf millénaires. Ce qui nous fait une belle jambe.

Retournons à nos moutons. Les smileys, de la ponctuation ? Littéralement. Dans leur plus simple expression, il ne s'agit ni plus ni moins que de concaténation -- à première vue aléatoire -- de signes de ponctuation basiques, dont l'agencement prend un sens propre (et se transforme en un objet distinct, souvent rond et jaune, selon une correspondance bijective, pas toujours automatique), indépendamment de ses composantes.


><"    ;-)     ^_^    :)    --"   :-((    =)    :-/

Toute une tribu. Et parfois des lettres sont de la partie, histoire de.

O_o    :D    ;-p    xD    :-s    x)

Une armada, et de quoi attraper un torticolis à force de tourner la tête vers la gauche.
[C'est une vraie question d'ailleurs... pourquoi (-: ou d-: n'ont-ils jamais percé ?]

Qui permet de ponctuer les phrases, et fournit à l'écrit un ersatz d'expression faciale de l'interlocuteur. Quel intérêt de discuter avec quelqu'un de visu quand il suffit de rajouter un smiley par-ci, un smiley par là pour transmettre des (pseudo) émotions ? 😏 

Une ponctuation plus évidente, et grossière, que les symboles classiques, plus simple à comprendre (on en viendrait parfois à ignorer ce qui entoure un smiley !) tout en étant (de prime abord) beaucoup moins subtile : une solution de facilité pour transmettre des émotions, plutôt que des sentiments, de dire "tout va bien" ou, pour les gens ayant une certaine propension au sarcasme [nooooon¹], ne pas avoir à systématiquement préciser *c'est de l'humour, merci de ne pas prendre au sérieux* pour éviter toute ambiguïté avec les personnes susceptibles de ne pas être complétement sur la même longueur d'onde. [Là, on touche du doigt (plus ou moins) la notion de "langage(s) des smileys", abordée un peu plus bas.]

Une ponctuation en train d'envahir le monde, omniprésente dans les échanges mi-écrits mi-oraux (textos, messagerie instantanée), qui envahit peu à peu les mails... et il paraît que certains profs osent les utiliser en corrigeant leurs copies.  À quand les smileys dans les livres ? Ou les livres écrits en smileys ? {La Horde, ça compte pas ! ^_^}

Parce que oui, finalement, les smileys ne forment-ils pas un langage à part entière ?
L'invasion se poursuit, et tout dépend de la définition choisie (🌲, 🏤 ou 🐀 sont-ils des smileys ?), mais on peut tenir une conversation, certes rudimentaire, en employant uniquement ces têtes jaunes (et une un peu rouge).

" 😃
- 😡
- 😕😓😱
- 😔😠😤😫😭
- 😧😲😗😘
- 😳😍
- 😇😉
- 😴😴😴
- 😎😊"

Un peu léger pour le prix Nobel de littérature ou le Goncourt ?

Langage à plein temps ou ponctuation occasionnelle, la case déchiffrage n'est pas à totalement dénigrer... comme pour la ponctuation plus traditionnelle, chacun les cuisine à sa sauce. "^^" est employé dans des contextes différents selon les interlocuteurs... en mode "c'est marrant", ou "ouais ok", ou "rien à foutre". Dans certaines limites, ":D" étant rarement utilisé pour insulter les gens.

Le "vieux cliché de base" serait de penser que raccourcis et simplifications impliquent appauvrissement et confusion ; moyen pour un outil de com' censé éviter cette dernière... à chacun de se faire son avis sur ce sujet ô combien fondamental¹.

¹ : juste pour la déco.

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Et on passe au post-it suivant... qui se résume grossièrement à "si vous voulez lire un truc intéressant, avec des signes de ponctuation partout (mais aussi un travail hallucinant sur les mots et le langage) tout en lisant une quête épique, allez jeter un œil à La Horde du Contrevent d'Alain Damasio".

Parmi les curiosités de ce bouquin hors norme, chaque personnage est représenté par un ou plusieurs symboles (signes de ponctuation, lettres, autres trucs bizarres qui traînent sur un clavier) : ¿´ ou > ou encore ]].
Sans oublier les aficionados de palindromes, pour qui ça vaut également le détour.

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Damasio est loin d'être le seul à avoir expérimenté avec la ponctuation, l'exemple le plus célèbre étant probablement la conclusion d'Ulysse de James Joyce : le "monologue de Molly", 69 pages et environ 25000 mots dans la version originale, 2 signes de ponctuation et 8 "paragraphes" -- dont un de 4391 mots. Les heureux élus ? Les points à la fin des quatrième et huitième "phrases" (une succession de mots non conclue par un point est-elle encore une phrase ?).

Sans rentrer dans ces extrêmes-là,  modifier sa ponctuation c'est modifier la façon dont on s'exprime, au même titre qu'un changement de registre de langue, par exemple. C'est transmettre un message légèrement différent, mettre l'accent sur un aspect plutôt qu'un autre, faire ressentir l'essoufflement, l'hésitation... La rupture. La certitude !

Consciemment ou inconsciemment, on peut se faire "influencer" par autrui : de la même manière qu'on adopte les tournures de fin de mails des personnes que l'on côtoie, on peut récupérer des façons des ponctuer des phrases ; utiliser à outrance le point-virgule ; par exemple.

Et l'absence de ponctuation est une ponctuation en soi ; parfois très forte (idée de maelström, comme dans Ulysse), parfois beaucoup moins intentionnelle (manque de temps, lassitude, flemmingite aigüe). C'est souvent désordonné difficile de dire où s'arrête une idée où commence la suivante volontaire ou involontaire et parfois même de savoir ce que l'autre veut dire entre affirmation interrogation proposition ordre acceptation tout ça quoi.

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Le summum de l'histoire, c'est que dans l'immense majorité des cas, peu nous chaut la ponctuation... sauf dans les études de texte au collège, où les professeurs et élèves arrivent à des conclusions qui laisseraient coi l'auteur du dit texte.

Bref ; la ponctuation : une grille de décodage à clé variable. 
À dans trois ans... ?


Déblatérations sur la ponctuation. Ponctuées d'âneries en tout genre. (1/2)

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Parfois, certaines personnes se posent des questions existentielles profondes. Comme dans *vraiment* profondes.

"Oh, j'ai trop une question à te poser. Utilises-tu le point-virgule quand tu écris ? Quel sens lui donnes-tu ? Pourquoi l'utilises-tu ? Est-il associé à une émotion particulière ?"

True story. La galère pour trouver une réponse qui tienne debout.

"Je l'utilise sans trop y réfléchir ; en particulier pour éviter d'avoir à écrire un c cédille majuscule."

Ok, next.

"Pour juxtaposer des idées quand le décalage entre les deux ne le mérite pas. Dans une liste à la fin de chaque item."

Mouais, pas transcendant.

"Comme outil de style, pour mettre en opposition deux choses qui n'ont pas forcément de rapport. Un moyen de forcer des rapprochements ou des oppositions. Une rupture au sens d'une même phrase. Donc une rupture sur fond de continuité."

Tout et son contraire. Admettons. Et les émotions ?

"Je ne vois pas ça au niveau des émotions [ça veut dire non]. Si ce n'est un peu de malice, un brin d'ironie et pas mal de (auto-) dérision, comme dans le smiley [ça veut dire oui]."


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On rembobine un peu ? Vous savez, comme ces drôles d'objets dont parlent parfois nos aïeux ? Des cassettes (un peu comme le K2... comment ça, pas une montagne ?!) qu'ils appellent ça, paraît-il...

Qui dit ponctuation, dit langage. Qui dit langage, dit ponctuation.

L'épineuse question "la ponctuation est-elle un langage ?" est sabordée chaque jour davantage pour les mega-cheats de la modernité — voir plus loin. Alain Damasio et sa Horde du Contrevent utilisent les signes usuels de ponctuation pour retranscrire, entre autres, les vents — voir plus loin (peut-être).

Chaque langage a sa ponctuation spécifique, plus ou moins spécifique selon les langages.
Sans parler du langage informatique /* ou plutôt de la kyrielle de langages informatiques */,  si l'on traverse la Manche, la ponctuation du discours direct diffère drastiquement entre les langues de Laurent Blanc et de Lawrence White (et l'espace disparaît avant les signes à deux caractères, I mean: like this) ; si l'on enjambe les Pyrénées, voilà qu'apparaissent des points d'interrogation et d'exclamation à l'ENVERS ! ¡ Diantre !

Consensus général (pléonasme ? que dalle !) de tous les mecs dans ma caboche : on cause trop bien la France pour aller voir ailleurs, restons chez nous, ça fixera ce fameux langage.

...

Vraiment ?

En se limitant au français — une langue, faut-il le rappeler — on peut distinguer au moins trois langages (excluant la langue des signes [différente selon les pays, le saviez-vous ?).

Trois langages, et trois ponctuations.


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Le langage écrit. Les lettres, les livres, les courriels, les articles de journaux, les posts de blogs. Entre autres. La ponctuation y est limitée à quelques signes très simples. Point, virgule, tiret, combinaisons ou répétitions de ces éléments...

Pourtant, elle doit retranscrire les subtilités de la réalité, donner vie [le degré et la difficulté variant quelque peu entre un article de mathématiques, un poème déclamant un éternel amour, la description d'une goutte d'eau, une facture d'électricité, un compte-rendu d'une rencontre historique de curling, l'annuaire téléphonique de la Creuse, une scène épique en Terre du Milieu et le manuel d'utilisation d'une casserole], à des mots secs, tristes, noirs sur du papier (ou un écran) sec, triste, blanc.

Et, elle y parvient ! Ou plutôt, des individus à la plume suffisamment acérée, à l'imagination suffisamment vivace, ou à la mémoire suffisamment hallucinante, y parviennent. A transmettre merveilleusement des émotions (incertitudes, maelström d'émotions, pensées hachées, tristesse infinie, trucs du genre), à imaginer davantage qu'une voix monocorde, les mains dans le dos, les yeux fermés, lisant les phrases couchées sur la papier (sauf si c'est l'effet recherché, probablement le cas de l'annuaire).

Moins lyriquement ('scusez-moi !), c'est elle qui, avec la structure proprement dite du texte, dicte le ton et la couleur du langage écrit :  des phrases carrées standards, courtes, (in)volontairement sèches, sans relief, des phrases longues, ponctuées (ou pas), qui rebondissent (ou endormissent), vivantes (ou monocordes), des énumérations à n'en plus finir ou des points de suspension au premier accroc...


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Le langage oral. Quand on parle. On parle pas comme on écrit. Vous trouvez pas ?
Au diable, les points virgules, les guillemets (quoi que, avant les mains, ça marche plutôt bien !), les tirets et les points d'interrogation. Le discours est ponctué par la voix — la respiration, l'intonation, le ton, l'accent, la fréquence — mais aussi, si l'interlocuteur est visible (ou même s'il ne l'est pas, auquel cas, il n'a pas le bonheur d'en bénéficier !) par les gestes — signes de mains notamment ou position corporelle — et le regard. Sans oublier, bien sûr, les interjections ! Bah, quoi, vous croyiez vraiment que j'allais oublier ? Vive le sud ouest, putain con ! La ponctuation de par chez nous, c'est ça...


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 Le langage mi-oral, mi écrit. Un truc un peu bâtard, entre deux. Un truc fashion, textos, discussions instantanées (un peu comme le café). On y retrouve la ponctuation standard du langage écrit, les interjections et autre onomatopées du langage oral. Ainsi que des signes cabalistiques, les smileys (a.k.a mega cheats de la ponctuation de la terre entière), dont l'ambition première était probablement d'imiter caricaturalement les expressions du visage (sourire jusqu'aux yeux, ça reste une expression, non ? ;p). Un mode d'expression qui autorise les approximations et sonorités de l'oral, beaucoup moins formel et réfléchi que le langage écrit "classique" (celui du XIXème siècle).


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 Les smileys, donc, et d'autres expérimentations un peu moins mainstream, comme paraît qu'il faut dire, dans le prochain épisode... un jour. Peut-être. Ou pas.


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Ainsi va la vie...

Et voilà quelques mois que s'en est allée l'inspiration derrière le titre foireux de ce blog foireux.
Merci Yal, et puisses-tu, là-haut, reposer en paix.

La pomme verte de ma grand-mère

Deux ou trois heures de votre existence à perdre ? Essayer donc d'écrire les premières insanités qui vous passent par la tête sur un bout de papier...

NB : toute ressemblance de lieux, scènes, personnages ou contextes existant, ayant existé ou étant amenés à exister ne serait, bien entendu, que purement fortuite.

NB2 : vous seriez bien inspirés de ne pas prendre au sérieux un mot des écrits ci-dessous.


La pomme verte de ma grand-mère



Des voix dans le couloir. Qui s'approchent. Ainsi que les pieds qui les accompagnent.

"Il paraît qu'il va neiger cette nuit."
Sylvain.
"Trop la classe. Ma grand-mère a mangé une pomme verte hier."
Tamara, l'air concerné, le ton surexcité.

Chicanage quand tu nous tiens. Ou chipotage, peut-être. Probablement aucun des deux.
"Non mais sérieux ! On est en alerte orange pour 48 heures ! Je ne sais..."

Les pieds se font plus discrets. Et les voix s'évanouissent.

Mon attention se concentre à nouveau sur l'écran face à moi. Ou, plus exactement, j'essaie de m'en persuader. Ou convaincre. Tout dépend des jours et de la nature des arguments. Mais à quoi bon ? A rien, je n'arrive, au-delà de parcimonieuses et fugaces avancées. Pour( )quoi me suis-je convaincu que mon avenir passait par des cases chiffrées de tableaux transmis par des sociétés offrant refuge à de pauvres démunis thons rouges abandonnés accueillant avec une joie inouïe la morsure du harpon moderne qui achève sa bien terne existence dans un sombre recoin d'un vaste, monotone, bleu, morne océan ? Ni éthique, ni intéressant, ni gratifiant. Sauf si, ton grand truc, c'est de participer à des massacres de poissons auxquels gîte étanche dans des récipients métalliques on offrira.

Le thon, ce n'est pas bon. Rien de comparable avec la pomme verte que ma grand-mère a mangée hier.



Verte, elle n'était plus guère. Elle trônait, encerclée par un mince filet de coulis de cassis, kumquat et groseilles blanches, au centre d'une assiette plate en or massif, sa robe, dorée, et quelque peu fripée, par son bref passage au four, imbibée de rhum antillais.

Délicatement installée sur son fauteuil plusieurs fois centenaire, Viviane, toute de noir vêtue, à l'exception de quelques modestes ornements, remercia d'un bref, et sec, signe de tête, son cuisinier qui, subrepticement, s'esquiva, en compagnie du grand chambellan. qui s'en allait superviser la fermeture des volets du manoir et les menus détails du périple mercurial. Éviter la neige orange serait primordial pour préserver l'humeur de la dame.

De ses couverts elle se saisit et de découper son dessert elle entreprit, ses pensées tournées vers le vernissage de l'exposition de chaussettes d'Elvis, au cœur de sa villa napolitaine, dès l'atterrissage de son jet breton...



Mauvais cliché, désolé !
On rembobine et c'est reparti pour un tour.



Verte, elle est encore. Déposée amoureusement au centre de l'assemblée agenouillée entassée entre les quatre murs à la douteuse verticalité. Séparée du sol de terre par une simple épaisseur de papier souillé. Pas vraiment mûre, déjà légèrement passée. Éclairée par tous les regards, nourrie par toutes les âmes.

Un chant s'élève, danse, pirouette, résonne, se noie dans son aride écho. La cadette des cadettes, s'avance dans le silence retombé. Respectueusement, de ses deux mains, elle emprisonne l'offrande et, se mouvant vers la doyenne des doyennes, la lui présente. Cela fait mille cinquante-six mois qu'elle arpente cette Terre.

Elle plante ses dents. Elle savoure lentement le doux sucré du fruit.



Encore raté, navré !
Un essai supplémentaire ?



Verte, elle fut. Il y a quelques mois. Avant d'arriver à maturité, et de se parer d'une flamboyante parure rouge et jaune. Irrégulière, ignorée par les fongicides, elle était en train de songer à se parer de sa branche. Le suicide est une pratique répandue chez les pommes sauvages.

D'un geste expert, elle est calmement dissocié de l'arbre qui l'a portée pendant quelques mois et avant elle sa fleur. Dans le panier, elle rejoint une grappe de muscat, une grappe de chasselas, une tomate aux proportions astronomiques et quelques figues violettes, déambulations dans le potager après déambulations dans le potager.

Tous finiront lacérés, marinés. Et mère-grand appréciera sa salade de fruits frais.



C'est déjà un peu mieux.
Et sinon, ce test du khi-deux ?

Voix ferrées

Une ligne ou deux pour signaler (id est faire honteusement de la pub) un autre blog (non, je n'oublie pas celui-là), sur deux-trois trucs que j'ai aperçus cet été en visitant les trains de l'est du continent européen.

Si l'envie vous en dit, rendez-vous ici.

Jours fériés (2) : ce que vous avez toujours rêvé d'ignorer.

Motivés pour lire un ramassis d'inutilités ?

...

Ah, les jours fériés.
Ces journées chômées attendues avec impatience, pour s'adjuger un repos bien mérité, s'offrir une excursion au sommet du coin ou simplement s'empiffrer de crêpes à la pâte à tartiner parfum noisettes avec ses petits-enfants...
Ces journées chômées attendues avec impatience qui trop souvent (en France, entre une et quatre fois par an, un peu plus de deux en moyenne) tombent le week-end, étant ainsi inexorablement inutiles...
Ces journées chômées attendues avec impatience, bien trop rares au goût des invétérés flemmards qu'apparemment nous sommes...


En France, ils sont au nombre de 11 [non, pas les invétérés flemmards], il y en a davantage dans certains pays, à l'instar de l'Argentine qui en compte 18 en 2013, y compris deux jours de février dédiés au Carnaval, et moins dans d'autres, 7 au Mali par exemple. En Europe, ce nombre varie de 8, aux Pays-Bas, à 15, à Chypre.

En parcourant quelques pages sur ce site, il semblerait qu'il y ait exactement autant de jours fériés en France que de jours n'étant fériés dans aucune région de la planète en 2013. Assez curieusement [et à moins que mes yeux me jouent des tours], aucun ne se trouve entre le 10 mars et le 22 août, deux sont début mars, les autres entre le 23 août et le 14 décembre.

Région, car il existe une poignée de jours, environ cinq, qui ne sont fériés dans la totalité d'aucun état, seulement localement. Par exemple le 20 novembre, Dia de la Consciênca Negra dans certaines régions brésiliennes, et Buß- und Bettag, le jour de la Repentance, une fête protestante, en Allemagne, où il n'est plus férié qu'en Saxe, après avoir subi le sort que l'on réservait ici au lundi de Pentecôte.



Grosso modo, comme dans le cas de la France, les jours fériés se divisent en trois catégories - fêtes religieuses, célébration/souvenir d'événements militaires/politiques et fêtes "sociales" [dans mon besoin absolument vital de classifier, je range la largement répandue fête du Travail dans cette boîte. A ce propos, dans de nombreux pays, y compris au Royaume-Uni et en Espagne, lorsque le 1er mai est un dimanche, c'est le 2 mai qui est férié. En fait ce système de report de jours fériés est présent un peu partout.].

La première catégorie est très largement influencé par les religions majoritaires du pays considéré, ou du moins les religions "historiques", comme vu dans le cas de la France. Illustrations en vrac.
Le 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception, est ainsi férié dans plusieurs pays d'Amérique Latine, de même que le Corpus Christi, soixante jours après Pâques. En République Tchèque sont célébrés les apôtres des Slaves, Cyrille (celui de l'alphabet) et Méthode (pas celui de Cauet). Au Liban, coïncident des jours fériés d'inspiration chrétienne - l'Assomption, Pâques, l'Epiphanie - et musulmane - l'Aïd al-Fitr,  l'Aïd el-Adha, déjà évoquées, ou encore la célébration de l'Hégire ; la situation est assez analogue au Bénin et dans de nombreux pays africains. Au Brésil, le 12 octobre est chômé, en l'honneur de Notre-Dame d'Aparecida, Sainte Patronne du pays. En Inde, de très nombreuses fêtes religieuses sont célébrés régionalement, à l'instar du Makar Sankranti, une célébration hindoue de la récolte ayant également des ramifications astrologiques, le 14 janvier [également censé marquer l'arrivée du printemps, avec quelques mois d'avance sur l'Europe occidentale] mais aucune ne fait l'objet d'un jour férié national.

Dans le second tiroir se trouvent notamment des armistices - deux brèves remarques à ce sujet : le 8 mai est férié seulement en République Tchèque et en France [et encore... instauré sous la IVème République, supprimé par de Gaulle et rétabli par Mitterrand] alors qu'en Russie, une journée est fériée en l'honneur de la victoire, mais il s'agit du 9 mai, du fait du décalage horaire (qui n'est pourtant pas si conséquent que cela avec Moscou) - comme en Argentine où est commémorée la guerre des Malouines (ou des Falklands, selon votre bord), des célébrations d'indépendance - en Algérie, aux Etats-Unis, par exemple - de personnalités phares - l'anniversaire du Mahatma Gandhi, le 2 octobre, en Inde, ou le jour de Christophe Colomb, dans de nombreux états des Amériques - ou d'événements fondateurs : la Journée des Martyrs au Mali célèbre la chute du régime de Moussa Traoré qui maintint la pays sous une junte militaire jusqu'en 1991 ou la commémoration de la Bataille de Puebla au Mexique.
Très largement représentées sont les fêtes nationales - au Congo, elle tombe le jour de l'Assomption et en République Démocratique du Congo, elle est confondue avec la fête de l'Indépendance - telles Kenkoku Kinenbi, l'anniversaire de la fondation de l’État au Japon ou la Saint Patrick en Irlande.

La dernière case contient un peu tout et n'importe quoi, et les japonais font mieux que de la résistance passive dans cette catégorie : de Seijin no Hi, le jour d'accès à la majorité, à la célébration des équinoxes en passant par le jour de l'éducation physique, sans oublier le jour de la Mer, il y a là des sources d'inspirations pour les paresseux tout autour du globe.
Sont également fériés la Journée Internationale de la femme, le 8 mars, par exemple en Azerbaïdjan, où le 31 décembre est chômé en honneur à la diaspora azérie, le 9 mars au Liban pour la Journée des Professeurs, le 21 mars, journée des Droits de l'Homme en Afrique du Sud, le 8 février, jour de la culture en Slovénie, Prešernov dan, en l'honneur du poète romantique France Prešeren, ou le jour des Paysans, au cours duquel les agriculteurs reçoivent la bénédiction du trône, en Thaïlande - de nombreuses fêtes bouddhistes y sont célébrées et auraient pu être plus haut citées.



Grande est la tentation à ce point d'affirmer que d'observer la liste de ses jours fériés vous en apprendra davantage à propos d'un pays que bien des cours d'histoire, tels sont les indices politiques, culturels ou religieux qui s'y trouvent, quand ils ne vous livrent pas les noms des plus éminentes personnalités. Profitez-en avant qu'ils ne disparaissent tous pour des raisons économiques [les jours fériés, pas les livres] !



[Il va de soi que l'exhaustivité sur un tel sujet relève d'une ébahissante chimère (les jours fériés anglais sont assez intéressants). D'autant plus que contre toute sagesse, je me suis un peu dépêchée de boucler cet article. Je vous serais dont fort gré de bien vouloir m'excuser pour tout oubli de mots ou faute de frappe (que je ne peux que vous inciter à me signaler !).]

[Après relecture, les énumérations avec des exemples au milieu sont très proche de la totale illisibilité. Désolée.]

Jours fériés (1) : de la fréquence des aqueducs.

Les huitièmes et neuvièmes jours du mois de mai de l'an grâce deux mille treize, un mercredi et un jeudi, sont à marquer d'une éclatante pierre blanche pour les paresseux (non, pas les singes !) qui sommeillent en nous ou ceux qui se languissent simplement d'un peu de repos ou d'un moment d'évasion (une expédition sur l'autoroute locale par exemple).

Il s'agit en effet de deux jours fériés consécutifs (deux jours ouvrés feriés consécutifs avant qu'un petit malin ne fasse erronément remarquer le dimanche et le lundi pascaux. Les dimanches ne sont généralement pas considérés comme des jours fériés.), ce qui est une occurrence assez peu fréquente, dans la patrie de tous un tas de monarques et tyrans absolus (à ce propos, saviez-vous que durant le Premier et le Second Empire, le 15 août était également fêtée la Saint-Napoléon ? Moi non plus.), supposément hexagonal, qui est apparemment la mienne.


En France métropolitaine, à l'exception de l'Alsace et la Moselle où le Vendredi Saint et le 26 décembre (ruinant ainsi toute la démonstration qui suit ! Ils sont fous ces alsaciens !) s'ajoutent à la liste, sont fériés par ordre approximatif ( id est à une ou deux permutations près) le 1er janvier (généralement le premier jour férié de l'année), le lundi de Pâques, le 1er et le 8 mai, le jeudi de l'Ascension, le lundi de Pentecôte (selon les années et les entreprises), le 14 juillet, le 15 août (peu connu des écoliers, étrangement), le 1er et le 11 novembre et le 25 décembre, ce qui fait onze journées chômées.

La majorité, six d'entre eux, ont une origine religieuse (même si nombre de laïcs en profitent volontiers) - le 15 août étant le jour de l'Assomption, la théorique montée au ciel de la Vierge Marie, le 25 décembre la date aléatoirement choisie pour célébrer la naissance de Jésus de Nazareth. Origine religieuse se limitant au christianisme (et encore, les protestants ne célèbrent ni la Toussaint, ni l'Assomption), religion "traditionnelle" en France, sans qu'aucune des fêtes juives ou musulmanes (à l'instar respectivement de la Pessa'h (la Pâque Juive) ou de Yom Kippour (le "Jour du Grand Pardon", le plus sacré du calendrier) pour le judaïsme, l'Aïd al-Fitr (marquant la fin du Ramadan) ou l'Aïd el-Adha (la "fête du sacrifice", commémorant les actions d'Abraham, prêt à sacrifier son fils qui est sauvé par l'intervention d'un ange [épisode par ailleurs également présent dans la tradition chrétienne])).

Les cinq restants se répartissent entre commémorations militaires - les armistices des deux conflits généralement connus sous la dénomination "Guerre mondiale", la fête nationale du 14 juillet, anniversaire d'une fameuse prise de la Bastille - et célébrations du nouvel an et du travail.

Trois sont mobiles, mais liés entre eux ; huit sont immobiles.
Il s'agit donc d'un système à un degré de liberté.


Le calcul de la date de Pâques a occupé les théologiens, savants, mathématiciens et curieux pendant des siècles, et reste aujourd'hui encore d'un obscurantisme ayant peu à envier aux plus sombres jours de l'Eglise.
Lors du concile de Nicée, en l'an 325 de notre ère (des siècles, que dis-je des siècles, des millénaires !), le dimanche de Pâques fut défini comme le dimanche suivant la première occurrence d'un quatorzième jour de lune à compter du 21 mars, date symbolisant l'équinoxe de printemps. Une fois la phrase précédente assimilée (en fait, c'est assez simple. L'expliquer, c'est une autre histoire.), la nécessité de compliqués algorithmes faisant intervenir de techniques paramètres - l'épacte, le nombre de jours à ajouter au calendrier lunaire pour obtenir le calendrier solaire ou le nombre d'or qui dépend du cycle de Méton, d'une approximative durée de dix-neuf ans - semble assez incompréhensible.

Le problème réside dans le fait qu'on ne considère pas la sphère que l'on aperçoit de tant à autre dans le ciel et sur laquelle le capitaine Haddock est allé faire un petit tour, mais une lune fictive, appelée lune ecclésiastique (et dont la trajectoire repose sur le susnommé cycle de Méton, qui postule qu'en dix-neuf années solaires il y a deux cents trente-cinq mois lunaires) qui établit un calendrier lunaire perpétuel.

Au final peu nous chaut les calculs atroces nécessaires au calcul de cette date.
Il en découle néanmoins que le dimanche de Pâques se situe systématiquement entre le 22 mars et le 25 avril, avec des fréquences variables. Ainsi il semblerait (d'après de courageuses personnes ayant tenu le compte) que depuis la fin du seizième siècle, Pâques soit tombé à 2 reprises un 24 mars et à 30 reprises un 16 avril.


Quelques additions permettent d'établir que l'Ascension (trente-neuf jours après Pâques) prend place entre le 30 avril et le 3 juin, et que le lundi de Pentecôte (onze jours plus tard) se promène quelque part entre le 11 mai et le 14 juin.

Par conséquent, les seules combinaisons permettant d'obtenir deux jours fériés consécutifs - respectivement confondus - sont celles où le jeudi de l'Ascension est un 30 avril, un 2 mai, un 7 mai ou un 9 mai - respectivement un 1er ou un 8 mai - (à moins que le nouvellement élu pape François ne décide de brutales modifications au sein du carcan ecclésiastique). De telles occurrences sont relativement rares mais loin d'être inexistantes : d'aucuns se souviennent peut-être qu'en 2008 le jeudi de l'Ascension fut un 1er mai et/ou que le 9 mai 2002 fut férié pour cette même raison.

A titre indicatif, entre 1901 et 2012, le jeudi de l'Ascension est tombé à cinq reprises un 9 mai, à quatre occasions un 8 mai, à trois reprises un 7 mai, deux fois un 1er mai, à une occurrence un 2 mai et jamais un 30 avril [aux erreurs de calculs près, ici comme dans certains des paragraphes précédents] ; en 112 ans, il y a eu deux jours fériés consécutifs (en tenant compte uniquement des jours fériés actuels) à 11 reprises, soit en moyenne une fois par décennie.


Et parce qu'il faut un mot de la fin, et que ce n'est pas la fin du monde, profitez bien de ces deux jours, surtout si le pont est vôtre !